05/03/2011

Hystoires des cabanes vivantes / 1

" Inter caelicolas fabula muta taces ". Ainsi, tandis qu'un enchantement réduit les hommes au silence, la nature enchantée prend la parole . En échangeant de la sorte parole et silence, histoire et nature, la fable prophétise son propre désenchantement dans l'histoire. " Giorgio Agamben

Telle une braise, couvant sous la cendre, l'enfance n'est pas seulement une période bien particulière de la vie humaine, mais un territoire imaginaire aussi . Survivant à l'ombre de nos vies d'adultes, sa force n'attend, bien souvent, qu'une occasion propice pour reprendre souffle et vie . Ecartant alors d'un geste ce qui s'interpose entre sa légèreté et les pesanteurs de nos quotidiens raisonnables, elle redonne à l'âme qu'elle posssède cette possibilité folle de vivre à nouveau parmi ses rêves - dans ce no man's land où les souvenirs sortent de la mémoire pour venir peupler le réel .

Fidèle à cette flamme, Catherine Nicolas est le jouet de cette enfance - de cette force sauvage et téméraire qui la pousse à créer de drôles de peits personnages habitant dans des cabanes, des huttes, ou des tipis et qui, sans pour autant nous donner la clé de leur royaume, nous invitent à les suivre dans leurs pérégrinations les plus saugrenues . Elisant tantôt un arbre, tantôt un pylône, tantôt une simple grille de fer pour supporter leurs constructions précaires, ces petits hommes aux jambes démesurément longues et aux visages lunaires semblent vouloir nous dire : " Voyez, ce que nous gardons là, c'est un trésor . Et si vous n'êtes pas capable de le voir, ce n'est pas de notre faute à nous, mais de la vôtre . Car, si vous ne les voyez pas, c'est que vous avez perdu vos yeux d'enfant. "

Journaliste, philosophe et critique d'art pour Artpointfrance et Artension .

Aucun commentaire: